5 fascinants portraits ou autoportraits de femmes
5 portraits de femmes idéalisées par des hommes ou des autoportraits sans concession de femmes peintres du 15° au 16° siècle
Portraits de femmes idéalisées et autoportraits réalistes d’artistes femmes
Portrait de Simonetta Vespucci par Piero di Cosimo
Le portrait de Simonetta Vespucci réalisé par Piero di Cosimo est une œuvre fascinante qui capture à la fois la beauté exceptionnelle de son sujet — une des muses les plus fameuses de la Florence du 15° siècle — et qui recèle une grande richesse symbolique intriguant les observateurs depuis des siècles.
L’un des éléments les plus remarquables de ce portrait est le serpent enroulé autour du cou de Simonetta Vespucci. Ce serpent, symbole classique de la tentation et du péché dans l’iconographie chrétienne, ajoute une dimension de mystère et d’ambiguïté à l’œuvre.
Mais certains experts, après une observation précise, on reconnut dans ce serpent non pas le dangereux aspic décrit en 1568 par Vasari dans son portrait de Piero di Cosimo, mais une inoffensive couleuvre. Ce qui pourrait être étayé par la riche et complexe coiffure ornée de grenats dont on disait parfois qu’ils provenaient de la tête de certains serpents. De nombreux colliers sertis de grenats arborent une tête reptilienne tenant dans sa gueule un grenat.
Certains critiques suggèrent également que le serpent pourrait représenter la séduction et la passion, reflétant ainsi la réputation, en partie posthume de Simonetta — elle meurt de tuberculose à 23 ans — en tant que muse et figure d’inspiration pour les plus grands artistes et poètes de son époque, parmi lesquels Botticelli, di Cosimo, Domenico Ghirlandaio. Elle fut également l’inspiratrice d’un amour passionné chez Julien de Médicis.
Enfin d’autres critiques y voient le symbole de l’éternel retour, des cycles de la vie et de la mort dans l’ordre général de la Nature, ce que l’arrière-plan parait confirmer, puisqu’il alterne la culture et l’état de nature, l’orage menaçant et l’apaisement élégiaque.
Un autre détail intrigant du portrait est le front lisse et épilé de Simonetta Vespucci, qui contraste avec la foisonnante chevelure ondulée et blonde qui encadre son visage. Certains historiens de l’art interprètent cette caractéristique comme une allusion à la mode de l’époque, où les femmes aristocratiques se débarrassaient souvent de leurs sourcils pour créer un front lisse et haut, symbole de beauté et de sophistication.
Cependant, d’autres voix suggèrent que cette absence de sourcils pourrait évoquer une qualité surnaturelle ou idéalisée chez le sujet, renforçant ainsi son aura de grâce et de perfection.
Selon Daniel Arasse, le serpent représente non seulement la tentation mais aussi la sagesse et la connaissance, faisant ainsi référence à la réputation intellectuelle de Simonetta en tant que femme érudite et cultivée. De même, l’absence de sourcils est interprétée comme un signe de pureté et d’innocence, renforçant ainsi l’image de Simonetta en tant que figure idéale de beauté et de vertu.
Plus prosaïquement cette coiffure ne serait autre que celle d’une jeune mariée portant le filet traditionnel, dénommé vespaio, le nid de guêpes. Une allusion alambiquée qui peut se comprendre littéralement comme métaphoriquement, d’autant plus que cette appellation était, semble-t-il, le surnom donné au mari de Simonetta Vespucci née Cattaneo.
Le fond du portrait de Simonetta Vespucci est également sujet à interprétation. Dans une atmosphère à la fois sombre et éthérée, des éléments végétaux et floraux semblent émerger de l’obscurité, créant une impression de profondeur et de mystère. Certains critiques suggèrent que cette végétation pourrait représenter la nature sauvage et indomptée de Simonetta elle-même, symbolisant ainsi son charme naturel et sa beauté envoûtante.
Le portrait de Simonetta Vespucci par Piero di Cosimo est une œuvre d’une grande richesse symbolique et iconographique. À travers ses détails subtils et sa composition énigmatique, ce portrait nous invite à explorer la matière narrative et sémiotique de la Renaissance, tout en rendant hommage à l’incroyable charisme et aura du modèle, Simonetta Vespucci. Une égérie plus qu’une femme réelle !
Tête d’une Jeune de Léonard de Vinci
Au premier regard, la “Tête d’une Jeune Femme” de Léonard de Vinci captive instantanément par la grâce de son sujet. Les traits délicats du visage, capturés avec une précision stupéfiante, invitent le spectateur à s’immerger dans le monde intérieur de cette jeune femme énigmatique.
Son regard, empreint d’une profondeur insaisissable, semble refléter une multitude d’émotions et de pensées secrètes, laissant les observateurs se perdre dans un océan de questionnements.
Ce qui distingue véritablement ce dessin, c’est la magie du trait de Léonard de Vinci. Chaque ligne, chaque ombrage est exécuté avec une maîtrise inégalée, créant une harmonie parfaite entre la lumière et l’ombre. Les détails subtils, tels que les plis délicats des lèvres et les sourcils finement dessinés, donnent vie à la jeune femme d’une manière saisissante et réaliste.
Pourtant, c’est l’énigme de l’identité de la jeune femme qui continue de fasciner les chercheurs et les amateurs d’art. Certains spéculent qu’elle pourrait être un modèle anonyme, tandis que d’autres suggèrent qu’elle pourrait être une figure historique ou mythologique. Quelle que soit son identité réelle, elle demeure une icône intemporelle de la beauté féminine.
Le plus captivant dans ce portrait est peut-être la puissante œillade du modèle tournée de trois-quart vers le peintre, le regardeur. Il y a l’esquisse d’un sourire non dénué d’ironie, de complicité accompagnée d’un regard pénétrant, subtil, assuré, légèrement mélancolique. Il est impossible de dénouer la complexité de ce qui est représenté. On ne peut définir une intention claire, ni ce qui est censé relever du portrait psychologique, ni du projet de Léonard dans ce cas de “figure”…
Portrait d’une jeune femme par Domenico Ghirlandaio
Domenico Ghirlandaio, de son vrai nom Domenico di Tommaso di Currado di Doffo Bigordi, était un peintre italien de la Renaissance, né en 1448 à Florence et décédé en 1494. Ghirlandaio était l’un des principaux représentants de l’école florentine de peinture du Quattrocento, période marquée par un immense renouveau artistique et intellectuel en Italie.
La carrière de Ghirlandaio a été prolifique et influente, et il est surtout connu pour ses fresques et ses portraits. Son style est souvent caractérisé par une attention méticuleuse aux détails, une clarté narrative et une maîtrise des compositions complexes.
L’une des caractéristiques distinctives du travail de Ghirlandaio est son talent pour la représentation réaliste des figures humaines. Ses portraits sont particulièrement célèbres pour leur caractère vivant et expressif, capturant souvent les traits distinctifs de ses sujets avec une grande précision. Ses fresques, réalisées dans des églises et des palais de Florence et de ses environs, illustrent des scènes bibliques et historiques avec une richesse de détails et une profondeur émotionnelle.
Parmi ses œuvres les plus célèbres, on peut citer les fresques de la chapelle Tornabuoni dans l’église Santa Maria Novella à Florence, qui dépeignent des scènes de la vie de la Vierge Marie et de Saint Jean-Baptiste. Ces fresques témoignent de son talent pour la narration visuelle et son sens de la composition, ainsi que de sa capacité à représenter une grande variété de personnages et de situations.
Le “Portrait d’une jeune femme” est une œuvre remarquable de Domenico Ghirlandaio. Cette peinture présente une combinaison subtile de réalisme et d’idéalisation, typique du style de Ghirlandaio.
L’œuvre capture habilement les traits distinctifs de la jeune femme, avec une attention particulière portée aux détails anatomiques et aux nuances de lumière et d’ombre. Ghirlandaio était connu pour sa capacité à rendre les caractéristiques humaines avec une grande précision, et cela se manifeste clairement dans ce portrait. Les traits du visage sont rendus avec finesse, et l’expression de la jeune femme dégage une certaine tranquillité et une légère réserve, ce qui lui confère une présence captivante.
Ghirlandaio utilise une palette de couleurs douces et subtiles, avec des tons chauds qui mettent en valeur la délicatesse de la peau et des vêtements de la jeune femme. Le fond neutre met l’accent sur le sujet principal, tandis que les détails soigneusement rendus, tels que les bijoux et les ornements floraux, ajoutent de la richesse visuelle à l’ensemble de l’œuvre.
De plus, Ghirlandaio parvient à capturer non seulement la beauté physique de son modèle, mais aussi à suggérer sa personnalité et son statut social à travers sa pose et ses vêtements. Le choix de représenter la jeune femme dans des vêtements élégants et ornés, ainsi que la façon dont elle se tient avec assurance, indique probablement qu’elle appartient à une classe sociale aisée et cultivée.
Sofonisba Anguissola, autoportraits d’une artiste femme au 16° siècles entre Espagne et Italie
Sofonisba Anguissola— née en 1535 à Crémone, morte à Palerme en 1625 — est une femme peintre italienne au parcours exceptionnel.
Sous l’impulsion de son père Amilcare Anguissola (issu de la petite noblesse italienne) Sofonisba connu un destin assez mouvementé et une très belle réussite professionnelle.
On considère qu’elle est la première femme artiste peintre à avoir atteint une véritable réputation d’artiste indépendante dans toute l’Europe et d’être parvenu à une authentique autonomie professionnelle et économique nonobstant un premier mariage de circonstance.
Portraitiste à la cour d’Espagne sous Philippe II, elle devient la professeure de peinture de la reine Élisabeth de France (1545-1568), dame d’honneur de cette dernière et durant plus de dix années peintre officiel de la cour.
De retour en Italie, elle se remaria et demeura dans d’assez bon termes avec la cour d’Espagne.
Les auto-portraits de Sofonisba Anguissolas sont frappants par leur vérisme sans concession, ni détails superflus !
Lavinia Fontana, être femme peintre en Italie au 16° siècle
Lavinia Fontana connu sur bien des points un parcours similaire à Sofonisba Anguissolas.
Enfant unique du peintre Prospero Fontana, très apprécié de la cour pontificale, elle se forma dans l’atelier de ce dernier, dans lequel elle rencontre de nombreux artistes et amateurs des arts.
Mariée en 1577 à Gian Paolo Zappi d’Imola, artiste peintre médiocre, sous l’inévitable tutelle de celui-ci elle connait un véritable succès aussi bien comme portraitiste que sur des sujets religieux, pourtant réservés aux hommes.
Pour en savoir plus sur cette artiste femme exceptionnelle voir notre article :
Auteur : Thierry Grizard