Chiharu Shiota et l’exposition The Soul Trembles au Grand Palais

Chiharu Shiota pour la réouverture du Grand Palais, après de longs mois de restauration, a carte de blanche afin de déployer sur plus de 1200 mètres carrés un panorama exhaustif de ses œuvres à travers une expérience particulièrement immersive.

Chiharu Shiota et l’exposition The Soul Trembles au Grand Palais

Chiharu Shiota et le Grand Palais

Grand Palais, Paris, en travaux.

Après avoir fermé ses portes pour un vaste chantier de restauration, le Grand Palais a rouvert en grande pompe en 2024, quelques semaines après les Jeux Olympiques de Paris.

Pour célébrer cette renaissance architecturale, le monument parisien a choisi d’inviter Chiharu Shiota, une artiste japonaise internationalement reconnue pour ses installations immersives, à investir ses espaces avec une exposition magistrale, spécialement conçue pour l’occasion. Intitulée “The Soul Trembles”, l’exposition (du 11 décembre 2024 au 19 mars 2025) est un voyage sensoriel dans les méandres de la mémoire, du corps et de la fragilité humaine.

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L’exposition occupera la nef majestueuse du Grand Palais ainsi que les galeries latérales, offrant un parcours engageant à la fois le regard, l’ouïe et le toucher.

Parmi les pièces majeures, “The Key in the Hand”, une réinterprétation de son installation acclamée à la Biennale de Venise en 2015, occupe une place centrale. Des milliers de clés suspendues, offertes par des anonymes du monde entier, flottent au-dessus d’une embarcation en bois. La pièce, symbole de protection, de secrets et d’ouverture, dialogue ici avec les arches imposantes de la nef, soulignant à la fois la solidité et la fragilité des souvenirs que l’on choisit de conserver ou de révéler.

Autre œuvre phare de l’exposition, “Memory of Skin”, une installation textile interactive, convie les visiteurs à toucher et à ressentir des tissus suspendus, chaque textile portant les marques de brûlures, de déchirures ou de coutures.

Shiota, qui explore souvent le corps humain comme métaphore de l’âme, utilise ici le textile pour exprimer la vulnérabilité et la résilience. Une section entière est dédiée à des œuvres sur papier rarement montrées, où l’artiste superpose des dessins à l’encre de Chine sur des photographies d’archives personnelles, traçant ainsi des liens entre son histoire intime et la mémoire collective.

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Commissariat et partenaires

Le commissariat de l’exposition a été confié à Mami Kataoka, directrice du Mori Art Museum à Tokyo et experte de l’œuvre de Shiota.

Parmi les partenaires de l’exposition, on retrouve des galeries de renom comme Galerie Templon à Paris, qui représente Shiota depuis de nombreuses années, ainsi que la Galerie Blain|Southern à Londres et Berlin, toutes deux impliquées dans le prêt d’œuvres historiques de l’artiste. Des collaborations spéciales ont également été nouées avec des artisans français, notamment les Manufactures des Gobelins.

Repères biographiques

Née en 1972 à Osaka, au Japon, Chiharu Shiota grandit dans une famille modeste. Fascinée dès son plus jeune âge par la peinture, elle décide d’étudier les Beaux-Arts à l’Université Seika de Kyoto. Rapidement, elle se sent limitée par le médium pictural et commence à explorer d’autres formes d’expression, notamment l’installation et la performance. Son passage en résidence en Allemagne en 1996 marque un tournant décisif. Elle intègre l’Académie des Beaux-Arts de Hambourg, où elle étudie sous la direction de Marina Abramović, figure de proue de l’art performance. De cette rencontre naît une volonté de mêler le corps, l’espace et l’objet pour créer des œuvres qui transcendent la matérialité.

Au début des années 2000, Shiota s’installe à Berlin, où elle vit et travaille encore aujourd’hui. La capitale allemande, marquée par son histoire tourmentée et son bouillonnement artistique, offre à Shiota un terrain fertile pour développer ses installations. C’est ici qu’elle élabore son style singulier, fondé sur l’utilisation de fils de laine rouge et noir pour créer des environnements immersifs. Ses œuvres, souvent interprétées comme des métaphores de la mémoire et du temps, interrogent les liens invisibles qui unissent les êtres et les objets.

Chiharu Shiota, Red Lines.

Les thèmes majeurs du corpus de Chiharu Shiota

Le travail de Chiharu Shiota s’articule autour de plusieurs thèmes récurrents : la mémoire, la perte, la connexion humaine et la transformation.

Ses installations monumentales, faites de fils entrelacés, explorent la notion de réseau et de lien invisible, symbolisant les relations interpersonnelles et les souvenirs partagés. Le rouge, couleur de prédilection, évoque le sang, le flux vital, mais aussi la douleur et la passion. Dans ses œuvres les plus récentes, Shiota utilise le noir pour symboliser l’inconnu et le mystère.

Un autre thème central est celui de la présence et de l’absence. Les objets du quotidien – chaussures, clés, valises – sont fréquemment intégrés dans ses installations, détournés de leur usage habituel pour devenir les traces de vies humaines passées. L’installation “Accumulation - Searching for the Destination” en est un parfait exemple : des valises suspendues dans un enchevêtrement de fils rouges symbolisent à la fois les voyages, réels et métaphoriques, et la quête incessante d’un “chez-soi”.

Les installations de Shiota sont conçues pour être à la fois éphémères et monumentales. Sa pratique de la “dessinature” dans l’espace, comme elle aime à le dire, consiste à tendre des fils de laine ou de coton selon des motifs aléatoires qui, mis bout à bout, forment des architectures délicates et presque organiques. La répétition du geste, la tension des fils et la précision de l’installation confèrent à ses œuvres un caractère méditatif, presque rituel. Les spectateurs, en traversant ces toiles tridimensionnelles, deviennent partie intégrante de l’œuvre, pris dans ce filet symbolique qui capte la complexité des émotions humaines.


Pour en Savoir plus sur Chiharu Shiota lire notre article:

Chiharu Shiota simplicité et évidence


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Site de l’artiste

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Site du Grand Palais