Michaël Borremans Sixteen Dances & Fire from the Sun

Le cru, le cuit et les chérubins
Michaël Borremans expose de nouvelles œuvres à la galerie Zeno X, puis à la galerie David Zwirner. Des tableaux toujours exécutés dans le même « théâtre » qui lui sert aux séances photographiques, un théâtre d’abstraction et lieu de collisions improbables d’idées visuelles, (voir notre article).
Cet ensemble de petites pièces sur bois ou de toile de grandes dimensions aborde plusieurs thèmes iconographiques, très chargés sur le plan symbolique.

L’artiste peintre reprend l’iconographie des chérubins mais déplacés dans une « enfance de l’humanité » barbare, où des bambins chahutent, gesticulent et découvrent ce qui pourrait être le feu, et par conséquent passent du cru au cuit. C’est, tout du moins, ce que suggèrent les titres. Mais comment faire confiance au peintre belge, maîtres des énigmes sans solution, d’autant qu’il n’y a probablement aucune interrogation précise dès l’origine de l’œuvre. Toujours est-il que ces chérubins couverts de peinture de guerre à la couleur sang ou d’argile rouge, sont comme toujours chez Borremans équivoques sinon paradoxaux.
En effet, ils sont complètement modernes dans leur gestuelle telle que saisie par l’appareil photo, cette manière si spécifique qu’ont les reflex d’arrêter le mouvement, mais les rondeurs stylisées à la Rubens ou Boucher et les jouets-objets qu’ils manipulent les déplacent dans un univers tribal et barbare beaucoup plus inquiétant.

L’introduction de 2001 de Kubrick ne semble pas très lointaine et constitue probablement une des sources d’inspiration. On se situe entre la découverte (du feu), la violence, et peut-être le cannibalisme, autant dire un univers étranger à l’image conventionnelle de l’enfance et des innombrables chérubins de l’histoire de l’art. Pari gagné pour Michaël Borremans, l’esprit est arrêté, le regard se poursuit.