Patrick Laumond et le Métahisme

Plasticien, métaphysicien ?
Voici un plasticien bien étonnant, relativement inclassable. On pourrait dire qu’il appartient au courant de l’art conceptuel, pourtant le texte est absent, tout du moins dans l’espace de l’exposition. Le langage est cependant sa première préoccupation.

Patrick Laumond tente de créer après CoBrA, Christian Dotremont et quelques autres un système de signes visuels et graphiques susceptibles de faire parler le lieu, l’espace entre les choses, ici des modules géométriques que des lignes polygonales relient comme une syntaxe. C’est un flux énigmatique qui semble irriguer les pièces isolées d’un parcours faisant sens. Le plasticien est d’ailleurs prolixe sur ce point en méta-texte. En effet, il délivre toute une littérature métaphysique à tonalité néoplatonicienne qu’il a lui-même intitulée le Métahisme. Un commentaire off, hors installation, très fourni et abondant, dont on cherche à discerner la part d’ironie, voire d’absurde au sens fort et « philosophique ».
Le Métahisme
Définition du MétaHisme selon l’artiste : « Le MétaHisme est un courant artistique qui exprime et matérialise la pensée humaine sous la forme d’un méta-paradigme. Cet Art de la conscience relie une vision globale des événements visibles et invisibles simultanément. META, car exprimant le Tout, ISME comme concept et suffixe universel, que l’on retrouve dans tous les mouvements et H, huitième lettre de l’alphabet, (lettre de l’infini, de passage,∞, lemniscate), séparatrice et unificatrice. »
Du cinétique suspendu
On pense évidemment au Bahaus et les recherches cinétiques de Moholy-Nagy ou Oskar Schlemmer ainsi qu’aux épures géométriques de Mondrian. Schwitters n’est pas non plus très loin avec l’invention des Merz. Ce graphisme spatial est d’ailleurs assez proche, par certains points, du travail de Monika Grzymala.
