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Antony Gormley et l’anthropocène

La galerie White Cube propose une nouvelle exposition du sculpteur anglais Antony Gormley qui aborde explicitement la question de l'anthropocène

Antony Gormley et l’anthropocène

La galerie White Cube proposait en 2020 une exposition du sculpteur anglais Antony Gormley intitulée "In Formation" très significative du corpus de cet artiste aux préoccupations aussi bien esthétiques que philosophiques, (voir nos articles pour plus détails sur Antony Gormley ).

De la brique élémentaire au pixel

La série proposée se compose de pièces en acier oxydé à la texture organique constituées de « pixels » ou de briques assemblées suivant ici une idée générale d’entropie ou de désagrégation.

Ce dernier corpus questionne, comme toujours chez Antony Gormley, la relation entre l’humain et son environnement entendu au sens le plus large, c’est-à-dire depuis l’échelle atomique jusqu’à l’idée de cosmos et de culture. « En Formation » se décline en anglais en ce qui est en cours de gestation et ce qui est informé, programmé par son ADN ou subsumé par une culture qu’il s’agisse de la mémoire collective et de production. L’interaction physique relève donc à la fois de l’union et de la contradiction. L’homme appartient à l’ordre de la physique qui le constitue organiquement, il est en quelque sorte un champ perceptuel dans un ensemble plus vaste d’interrelations. Mais, il influe également sur son milieu, il s’en différencie, voire s’y oppose. En effet, l’homme moderne se représente le monde matériel, la Nature, comme un objet extérieur à domestiquer.

Anthropocène et cosmos

Le sculpteur anglais a anticipé dans le champ de l’art, depuis de nombreuses années, l’idée maintenant répandue d’anthropocène. C’est-à-dire l’homme compris comme partie prenante d’un ordre naturel qu’il refaçonne en mettant son propre habitat et donc sa survie en danger.

C’est pourquoi les œuvres appartenant à la série « In Formation » sont dominées par l’idée de poids et d’effondrement sur soi-même. Le collapse prend l’aspect ici de « cariatides » qui ne soutiennent plus un « ordre » mais qui s’affaissent sur elles-mêmes ou s’appuient sur un point quelconque dans d’étranges attitudes anthropomorphiques évoquant les déplorations de l’art classique. Les « piliers » sont épuisés, ils se dissocient en bloques aux textures presque épidermiques.